En 1988 (20 ans déjà ?) J.C Gaté, journaliste, fondateur de DESIGN FAX et J.P. Vitrac designer, rédigeaient une série d’articles dans le mensuel Marketing Mix avec une carte blanche de François Rouffiac son rédacteur en chef…
« La nouvelle donne prospective » était le thème développé sur 10 articles : état des lieux, décryptage, et surtout la volonté (illusoire avec le recul) d’insuffler de la vitalité dans le comportement des entreprises en s’aidant du design, évidemment.
Le premier article, l’entrée en matière : « Les assassins de marques ».
Le visuel illustrant l’article : une usine « fermée par manque d’imagination ».
On y traitait du manque chronique d’engagement de la plupart des équipes dirigeantes de grandes entreprises. De la passion des fondateurs on était passé à de la gestion au quotidien en négligeant le capital de potentialités qu’elles représentaient.
A l’époque : Meccano, Moulinex, Motobécane, Kickers, Lip, Wonder, Teraillon etc…
Déjà les arguments pour justifier l’échec étaient la crise, la concurrence déloyale des pays asiatiques, la morosité… Nous, nous pointions du doigt le manque d’imagination et de sens prospectif des entrepreneurs.
2009 : des entreprises ferment, licencient et affichent leurs carences entrepreneuriales. Non seulement rien n’a changé mais c’est pire.
De nombreux secteurs d’activités n’ont rien vu venir, et ne veulent toujours pas voir. Ils veulent se convaincre que cet état est passager. Ils ne changent rien dans leurs habitudes.
Pourtant une certaine conscience sociale, environnementale, est en train de modifier les règles du jeu beaucoup plus profondément qu’il n’y paraît.
En réponse, les prises de parole des entreprises sont peu crédibles : elles s’engagent a être claires (enfin ?), bios, solidaires, responsables… à travers la communication oui, mais dans les actes ?
Elles espèrent que le consommateur va être à nouveau séduit mais les discours sont usés et ressemblent plus à des gesticulations.
PEUT ON CONTINUER A FABRIQUER DES AUTOMOBILES ?
C’est l’archétype même des questions que l’on peut se poser aujourd’hui.
L’automobile est de plus en plus décriée tant par son empreinte écologique que par son impact sur la ville. Peut on s’interroger sur la lenteur des remises en cause et des possibles évolutions.
D’indéniables progrès ont été faits en matière de sécurité, de maintenance, de consommation. Ce secteur dispose de moyens et de technologies en pointe y compris en matière de recherche mais pour quels cahiers des charges : des super Twingo plus ? Des Picasso électriques ? Des 4X4 non polluants, des Tata bon marché, des Porshe bridées? Aujourd’hui, métier sous perfusion, il ne peut se développer qu’en inondant les pays émergents. Et après ? Est ce que les mutations ont commencé ?
Est on en train « d’inventer » les transports de demain en même temps que la ville de demain ? Quelles promesses sont délivrées à travers les éternels concepts car exposés dans les salons internationaux ? De quels rêves parle t’on ? de quel futur ?
Peut on continuer à fabriquer… ?
La liste de remise en question peut être longue.
Les solutions ? On ne les a pas sous le coude.
La permanence de la crise c’est la permanence du manque de projection et d’engagement de nombreuses entreprises et professionnels de tous bords.
Le message ?
Il s’agit de création. Il s’agit de rupture et de déploiement d’idées. Il s’agit d’interdisciplinarité. Il s’agit de ne pas attendre d’être encore plus au pied du mur. Il s’agit de se poser des questions plus larges, d’écouter, il s’agit d’interactivité. Il s’agit d’imaginer, de lancer des hypothèses, de fédérer autour des possibles. Il s’agit de proposer, de tester, d’associer, de convaincre.
Cette dynamique est un vrai problème de société. La seule qui puisse générer une activité positive, nécessaire à notre évolution.
On prend le virage maintenant ou on attend encore 20 ans ?